Aller au contenu

Ralentissement forcé : le pouvoir libérateur du slow art

Carnet de croquis de l'illustratrice française Lucy Dreams. © Sophie GALINIER WHEELER alias Lucy Dreams - Tous droits réservés.

Décidément qu’elle irrégularité dans mes publications sur ce blog!

Depuis ma publication de Janvier, je n’ai rien publié ici. Cependant, je ne m’étais mise aucune pression puisque mes responsabilités auprès de ma Grand-Mère sont toujours aussi chronophages.

Bien sûr, malgré tout, j’avais prévu de reprendre le taureau par les cornes et de faire un redémarrage en trombe dans ma carrière.

Ou tout du moins, de faire le maximum pour relancer la machine.

Or, rien ne s’est passé comme prévu et j’ai décidé d’accepter de redémarrer lentement (et en chanson visiblement…).

Ralentissement forcé : Frustration ou chance ?

En Janvier, je vous disais que je reprenais enfin les crayons et les pinceaux après un an et demi de bras droit bloqué à cause d’une capsulite rétractile.

Comme j’avais perdu beaucoup de temps sur le plan artistique et professionnel, je devais courir pour rattraper mon retard : dessiner, m’occuper des boutiques, de mon portfolio etc.

Comme de bien entendu (et là, maintenant, j’ai dans la tête cette ritournelle chantée par Michel Simon et Arletty dans “Circonstances Atténuantes » en 1939), rien ne s’est passé comme prévu et… j’ai toujours un retard fou dans mon travail.

Ah!

Après avoir bien avancé et quasiment rattrapé tout mon retard, je me suis retrouvée sollicitée par des obligations au moment d’amorcer mes nouveaux projets.

Mon redémarrage s’en trouvait donc ralenti : Frustration ou chance ?
Ce ralentissement forcé allait-il me faire découvrir le pouvoir libérateur du slow art ?

Ralentissement forcé : pas de pouvoir libérateur du slow art, plutôt une Frustration maximale

Comme Perrette et son pot au lait dans la célèbre fable de Jean de la Fontaine, j’imaginais la réussite venir à moi, toute optimiste que j’étais de voir ma liste de tâches en retard se réduire rapidement.

Tout se passait pour le mieux et je me sentais plus légère, j’étais aux anges.

Pensez-donc !
Deux ans de retard dans mon activité rattrapés en deux mois de travail acharné, c’est formidable non?
J’étais sur les chapeaux de roues, bien loin du pouvoir libérateur du slow art.

Redémarrage prometteur

J’avais de quoi être fière de moi:

  • Comptabilité à jour
  • Article de blog posté
  • Newsletter relancée
  • Séances quotidiennes de dessin réalisées
  • Réseaux sociaux alimentés
  • 1er Vidéo YouTube de format Studio Vlog en cours de montage
  • Business plan repensé
  • Boutiques mises à jour
  • Projets mis à plat
  • Retro-plannings respectifs conçus et détaillés sur Notion
  • etc

Évidemment, comme je ne suis pas un personnage des Fables de la Fontaine, au lieu de rêver de veau, vache, cochon, couvée, je me voyais déjà (en haut de l’affiche?? ça y est, on l’a tous dans la tête) avancer enfin dans ma carrière :

  • Concevoir de nouveaux designs pour ma boutique RedBubble
  • Créer de nouvelles illustrations pour mon Portfolio et ma boutique Etsy
  • Écrire de nouveaux articles
  • Publier de nouvelles vidéos YouTube
  • Peindre en direct sur Twitch
  • Démarcher des clients potentiels avec un portfolio bien ciblé

Il y avait de quoi rêver.

Hélas, trois fois hélas, j’avais oublié qu’une expertise prévue à mon domicile me ralentirait forcément.

Frustration et annulation : Adieux Veaux, Vaches Cochons

Pas de veaux, ni de vaches, mais des cochons pour un vieux projet de 2019…

Je ne rentrerai pas dans les détails, mais disons que nous avons de gros soucis avec notre maison, depuis presque 3 ans et que cela, aussi, prend beaucoup de temps et d’énergie.

Bref, entre la préparation de la réunion (ménage et jardinage à fond), la réception d’une dizaine de personnes pour la réunion d’expertise, les documents complémentaires à fournir à échéance, les contre-argumentaires à rédiger pour l’avocate…

Tout cela en plus de la charge de ma grand-mère, autant vous dire que mon travail est passé au dernier plan.

Adieux Veaux, Vaches, Cochons!

Épuisement moral et physique. Ce ralentissement forcé Frustration ou une chance de découvrir le pouvoir libérateur du slow art?

Une fois les derniers documents envoyés, les derniers contre-argumentaires rédigés, je pensais pouvoir reprendre le rythme que j’avais tenu les mois précédents.

Car hélas, avec un mois entier consacré aux problèmes de maison et à l’évolution de la maladie de ma Grand-Mère, j’avais, à nouveau, du retard sur le plan professionnel.

Que faire?

J’ai tenté de suivre à nouveau mon planning, de reprendre le taureau par les cornes, en dessinant beaucoup, tout en montant la vidéo, tout en alimentant les réseaux… et en gérant une belle évolution de la maladie de ma Grand-Mère (Alzheimer est une maladie compliquée et épuisante pour les aidants).

Et puis tout d’un coup : Paf.
Plus personne.
Épuisement, crises de larmes, burn-out.

Évidemment, tout cela était prévisible.

Si j’avais vu l’une de mes amies gérer autant de choses anxiogènes en même temps, je l’aurais mise en garde et pressenti le burn-out arriver.
Mais vous savez, ce que c’est, il toujours plus facile d’aider les autres que soi-même.

Ralentissement forcé : une chance

Au fond du trou, comme au fond de la piscine (décidément, c’est un article Juke-box aujourd’hui…), il faut toucher le fond pour donner un grand coup de pied et remonter.

Depuis des mois, voire des années, je buvais la tasse pour baisser le niveau en espérant reprendre un peu d’air.
Bien sûr, je m’épuisais à vouloir tout gérer.

Certaines obligations ne peuvent être niées ou balayées :

Je ne peux pas faire l’autruche concernant les problèmes de maison, je ne peux pas abandonner ma grand-mère, je ne peux pas laisser mon compagnon gérer seul l’intendance de la maison en plus de son travail en libéral chronophage.

Dois-je donc abandonner mon travail et mes projets pour conserver une santé physique et mentale?
Non.

Mais je peux voir cette situation comme une chance et découvrir le pouvoir libérateur du slow art.

Le pouvoir libérateur du slow art : Annuler des projets pour respirer et créer

Comment concevoir l’annulation de projets qui me tenaient à cœur comme une chance?
Et bien, pour commencer, il s’agit de la chance d’être en vie et en bonne santé.

Entourée de vieillesse et de graves maladies comme je le suis et approchant des 50 ans, je bénis chaque jour où je peux profiter de ma condition d’humaine vivante en bonne santé.

Et n’être plus capable de rien à cause d’un burn-out m’a permis de le redécouvrir.

Annuler des projets pour respirer

Certes je ne vais pas gagner d’argent, ni cotiser pour ma retraite (inexistante de toute façon puisque j’ai fait de longues études et ai cumulé de nombreux boulots précaires dans la culture avant de revenir à l’illustration).

J’ai la chance de vivre en couple avec quelqu’un qui gagne sa vie dignement pour deux et d’avoir peu de besoins (ici, pas d’abonnement Netflix, Amazon Prime, Disney machin ou chaîne « branchouillebidule  » ; pas de vacances au ski, pas de cinéma ou de resto hebdomadaire…).

Nous n’en avons ni envie, ni besoin.

Gagner ma vie est important pour mon amour propre, pour pouvoir financer plus de projets perso, pour ma retraite, mais si je ne peux pas… et bien, je ne peux pas.

Avant de m’effondrer, j’avais repris mes séances de dessin quotidiennes et avais souffert de voir combien j’étais rouillée.

J’aurais voulu passer des journées entières à peindre ou dessiner, mais les échéances que je m’étais fixées sur le plan professionnel me privaient de ce temps de création.

le pouvoir libérateur du slow art

Incapable d’assurer ces échéances, en repoussant ou en annulant les projets que je m’étais imposés, j’ai finalement retrouvé de l’espace.

De l’espace pour me reposer, d’abord, malgré les obligations qui perdurent, mais aussi pour passer des journées à peindre ou dessiner si j’en ai l’énergie et l’envie.

Il n’y a rien de mieux pour se dérouiller, retrouver son trait et le bonheur de faire son métier.

Le mien est de dessiner, or je ne dessinais plus.

Annuler des projets pour respirer et créer : le pouvoir libérateur du slow art

Je reprends donc mes crayons pour moi.

Aucun but, si ce n’est celui de ré-apprivoiser mes crayons, mon aquarelle, peut-être m’amuser avec d’autres médiums que je n’ai pas touchés depuis longtemps, voire en découvrir d’autres.

C’est ainsi que j’ai enfin pris le temps de tester le Pentel que je m’étais offert en Novembre 2024. Je ne l’avais même pas encore sorti de son emballage !
C’était le moment ou jamais de faire connaissance.

J’ai alors mis l’une de mes œuvres préférées de Monteverdi et ai lancé Pinterest en rentrant simplement « XVIe siècle » dans les mots clefs.

Mes premiers essais n’étaient pas concluants, mais j’ai tout de même fini par retrouver les sensations que j’éprouvais, adolescente, quand je trempais mon pinceau dans l’encre de Chine pour dessiner des heures durant.

Le bonheur, le plaisir de mon métier m’est revenu.

Je ne dirai pas que je l’avais complètement perdu, mais les obligations professionnelles collatérales grignotaient ma créativité.

Pour faire connaître mon travail et l’existence de mes boutiques en ligne, comme tout artiste du XXIe siècle, je suis obligée de jouer le jeu de l’hyper-communication via les réseaux sociaux.

Pour surfer sur l’algorithme, rester visible pour vos abonnés et toucher de nouvelles personnes, il faut poster, beaucoup, souvent, sur le maximum de plateformes, être partout, tout le temps.

Il faut sans cesse se défragmenter toujours plus et s’étirer comme une couche de beurre très fine cherchant à couvrir une tartine beaucoup trop grande.

Bien sûr, je cherche à rencontrer mon public, trouver ma “niche” comme on dit dans le jargon, mais si pour cela je dois tuer ma créativité, à quoi bon?

A quoi bon partager à tout va si à terme il n’y a plus rien à partager justement?

Le pouvoir libérateur du slow art : Créer !

J’ai décidé que la meilleure réponse à toutes mes inquiétudes professionnelles serait la plus simple : Dessiner pour moi et partager ce que je fais si je fais quelque chose et surtout si j’en ai envie (si ce que je fais en vaut la peine aussi).

Et si je ‘ai rien à dire ou partager : me taire.

Cela m’évitera de m’épuiser, d’avoir un feed Instagram moche tout en me permettant de revenir à mon univers, à qui je suis profondément, aux raisons pour lesquelles je peins et dessine depuis toujours.

Me reconnecter à mon jardin secret et le nourrir me donnera plus de choses à dire.

Et tout cela dans l’intérêt de tous :

Je serai plus épanouie, mes dessins seront plus riches, plus intéressants sur le plan technique et artistique et mes clients recevront plus de qualité en bout de chaîne.

Alors, tant pis, peut-être n’aurez-vous pas de mes nouvelles par moment, peut-être l’algorithme m’oubliera-t-il, mais à mon retour je serai plus vraie qu’en me conformant et en m’épuisant pour jouer un jeu dont les règles ne me ressemblent pas.

Si vous aussi, vous avez le sentiment de vous être un peu perdu-e-s dans cette course effrénée à la production, à la présence sur les réseaux pour développer votre activité, n’hésitez pas à partager votre expérience en commentaire, je serai ravie de lire que je ne suis pas la seule à lever le pied pour VIVRE et non plus survivre.

Et dans ce monde d’hyper-productivité où les IA nous prennent nos métiers pour nous priver de la passion de créer, cela me semble d’autant plus essentiel.

Ne faisons pas la course avec les machines, montrons ce qui fait l’intérêt de l’Art : le temps et l’espace que nous lui consacrons.

Prenez bien soin de vous dans ce triste monde tragique et à très bientôt pour de nouveaux rêves illustrés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Leave the field below empty!

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.